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France moins J
14 mai 2007

J+22 : blocages

Est-il possible aux citoyens lambda de se réapproprier au moins une partie du champ du politique ?

Cette question, avant toute autre et avant même celle de la définition d'un "programme" reflétant les inévitables "options politiques" du candidat, est celle que j'ai voulu poser à la société française en annonçant et en préparant ma candidature aux élections législatives. Parce que ces élections, celles des représentants du peuple à l'Assemblée Nationale, devraient être par excellence le moment de l'affirmation de cette exigence de citoyenneté, et surtout de l'ouverture à sa possibilité. Et singulièrement cette année, après une mobilisation sans précédent de l'électorat, où toutes les instances partisanes se sont empressées, la main sur le cœur, de voir "un renouveau en profondeur de la vie politique de ce pays, le grand renouveau de la démocratie"… Tu parles, Charles !

Qu'un ridicule touriste essaye de se présenter, et le piège se referme autour de lui ! Vade retro citoyen minuscule ! As-tu bien mesuré ce qu'il peut t'en coûter de venir ainsi troubler notre breuvage ?

Car déjà, sans investiture de ce pilier de l'exclusion participative qu'est le Parti politique, pas d'argent d'avance, pas de partage ! Faut payer tout seul, effectivement. Dans une circonscription comme la mienne, ne serait-ce que pour l'arrosage minimum de la population en tracts, profession de foi, affiches et bulletins de vote, sans rien compter d'autres, ni locations de salles, ni frais kilométriques à parcourir un territoire immense à la rencontre des 82 communes éparpillées dessus, au bas mot il faut compter, avec l'aide militante d'un imprimeur qui ne vous ferait payer que le papier, dans les 8000 ? 10000 Euros ? Allez, ça pourrait peut-être encore ne pas constituer le plus important blocage, si je me dis que le nombre de mes lecteurs m'ayant déjà proposé leur aide me l'accorde effectivement…

Mais sans investiture, pas de réseaux non plus, tu ne peux compter que sur toi pour trouver les relais village après village, tous ces militants indispensabes à distribuer tes tracts, coller tes affiches, te faire un brin de bouche à oreilles…

Puis sans investiture, ça devient plus embêtant, comme tous les partis sont maqués ici ou là avec un important de la libre presse locale, ton accès à toi aux média, il a des chances d'être limité au minimum syndical – et en plus, comme tu le réclames à cor et à cri à longueur de temps, pour bien te faire voir que les journalistes sont souverains, tu peux compter sur eux pour ne pas chercher à faire dans la connivence en rapportant les rares propos de toi qu'ils vont rapporter ! Ah ! ça ! Aux autres candidats le ton de l'objectivité, le traitement "neutre", respectueux des formes… à toi, qu'ils puissent un peu étaler sur ton incongrue personnalité leurs audaces de plume. Au moins, c'est déjà ce qu'on te fait entendre - et comme je connais un peu le milieu, j'ai assez l'impression que ça risque de se passer tout à fait comme ça.

Sans investiture, enfin, c'est le chantage qui redouble : "Tu peux y aller quand même, si ça t'amuse ! mais avec qui ? Qui pour accepter d'être ton suppléant, hein?" Qui pour faire le mandataire obligatoire des finances de ta campagne ? Qui pour s'occuper de la coordination du binz ? Qui c'est qui serait assez fou pour se griller avec toute la bonne société des potentats et des réseaux traditionnels ? Si tu en trouves, si tu trouves à brûle-pourpoint au dernier moment ("comme tu t'y es mal pris!") les ceusses assez déjantés pour ça, dis-leur quand même que c'est pas tout cuit pour eux, le boulot, les postes, l'avenir... Parce que c'est pas avec les 3% maxi qu'ils vont t'aider peut-être à récolter qu'ils pourront la ramener, après !…

Voilà à peu près où nous en sommes à l'heure où je vous écris. Je dis nous, parce que cette petite expérience, que j'essaie encore d'amener à son terme (c'est-à-dire 2% des voix pour moi dans 3 semaines) en n'étant pas sûr encore de pouvoir la continuer au-delà de vendredi (jour de clôture des candidatures) – cette petite expérience me dépasse largement. Cette belle aventure don quichotesque, c'est la nôtre, citoyens ! Elle montre assez bien, hélas, que la démocratie tous azimuts est complètement bloquée et pour longtemps. Laissons tomber la "promesse" de la participation massive des électeurs à la présidentielle : le réappropriement de la politique par le citoyen de base n’est non seulement pas souhaité du tout mais quasiment impossible. Blanche, noire, rouge, bleue horizon ni même orange, la révolution ne sortira pas des urnes. Système cadenassé cherche clé enterrée sous 50 ans d’histoire !

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